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"Je ne suis pas la mère de Maé, mais je fais de mon mieux." Témoignage de Julie, une belle-mère qui souhaiterait que les mères maitrisent leurs agressions.

  • sagniermarianne
  • 31 mars
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 avr.


Dans le cadre de mes recherches sur les familles recomposées, je vous transmets aujourd'hui le témoignage de Julie, belle-mère désemparée qui souhaite, par son partage d'histoire que les ex-femmes lachent leur jalousie et colère mal placées et permettent à tout le monde d'avoir un quotidien apaisée.

Merci pour ton témoignage Julie.


RÉSUMÉ | "Elle a empeché toute relation affectueuse avec sa fille"

A 32 ans, Julie est responsable de projet dans un grand groupe, épanouie dans son travail elle est devenue belle-mère d'une petite fille il y a environ 4 ans. Elle qui se félicitait de "maitriser" sa vie a vu son estime de soi fortement ébranlé par l'ex-femme de son compagnon Samuel. Comment une femme qu'on n'a jamais rencontré peut-elle à ce point-là mettre à mal une autre personne ? Un témoignage très interessant et sans filtres.


LE TÉMOIGNAGE DE JULIE, 32 ANS

Lorsque jJulie a rencontré Samuel, il était déjà papa d'une petite fille de trois ans, Maé. Un visage d'ange avec des bouclettes dorées et des grands yeux curieux. Adorable. Mais aussi terriblement capricieuse et pleine de contradictions. Comme peut l'être une petite fille en pleine phase d’opposition, secouée par les allers-retours entre deux foyers.

"Du côté de sa mère elle vivait avec deux garçons plus âgés, enfants de son compagnon. De notre compréhension, les trois enfants ne partageaient pas grand chose. Cela ennuyait Samuel, qui aurait préféré un peu plus d'harmonie dans l'autre foyer de sa fille. Il aspirait à mieux pour la famille qu'il souhaitait offrir à Maé, chez nous. Nous nous sommes donc rapidement installés ensemble, quatre ou cinq mois après le début de notre histoire. Au départ, je n’avais qu’une ambition : réussir mon couple. Samuel et moi, c'était une évidence. Et puisque j’étais amoureuse, j’étais prête à ce que Maé fasse partie de ma vie."

"La liste des interdits était longue comme le bras"

Le regard de Julie se durcit lorsqu'elle évoque les premières frictions :

"La mère de Maé avait établi une liste d'interdictions qui me semblait absurde : je ne devais pas l’habiller, ni la coiffer ou lui donner le bain, je ne devais pas m’occuper de ses repas, ni faire d’activités avec elle, lui offrir des cadeaux, lui donner la main et surtout, pas de bisous ni de câlins. Je revois encore Samuel, mal à l’aise, contraint de me rapporter les exigences de son ex-femme.
Et le pire, c’est qu’elle répétait sans cesse à Samuel : "En plus, elle n’est pas maman, elle ne devrait avoir aucune opinion et elle ne sait pas faire"… Comme si cela justifiait ses interdictions...
Mais est-ce que je devais rester en retrait, faire de la figuration chez moi ? C'était ma maison à moi aussi et nous étions sur un système de garde alternée. J'étais censée faire quoi ? Fermer les yeux quand elle avait faim ou besoin d’aide ? Je ne comprenais pas.
Et puis, Samuel et moi voulions fonder notre propre famille. Il fallait bien que Maé et moi développions une relation, pas pour remplacer sa mère, mais pour qu’elle ne souffre pas plus tard de la relation que j’aurais avec mes propres enfants. Notre idée était d’avoir un foyer uni."

"Oui, l’enfant de l’autre peut être pénible"

Julie ne cache pas la réalité parfois difficile :

"Je n’en revenais pas. Et c’était d’autant plus dur que Maé, comme beaucoup d’enfants de son âge, était en pleine période d’opposition et franchement pénible. À la maison, ce n’était que cris et pleurs. Jusqu’à ses 4 ans et demi, voire 5 ans, je dois avouer que sa présence ne me faisait pas spécialement plaisir. Je vivais même chacune de ses arrivées comme une intrusion. Mais je m’occupais d’elle, je discutais avec elle, je faisais des activités et je le faisais de bon cœur. Pas facile, mais c’était comme ça. Notre relation était ce qu’elle était dans ce contexte - il y avait un peu d’affection, de l’intérêt et du respect.
Je ne suis pas sa mère, mais nous sommes censées vivre ensemble une semaine sur deux. Autant essayer de faire de notre mieux, non ?" Mais entre les interdits de la mère et les caprices de Maé, j’étais parfois à bout."

"Le jour où j'ai explosé"

"Je me souviens d’un jour où j’ai craqué. Après une énième intrusion que je trouvais absurde, du genre : "Ta Julie peut rester à sa place, l’apprentissage de la lecture à notre fille, ce n’est pas son rôle. Elle n’est pas sa mère ! Être enceinte ne fait pas d’elle une maman, et certainement pas celle de Maé !" j’ai pris le téléphone, appelé Mme ex et hurlé : "Mais bon sang, pourquoi est-ce que tu t'es mis en tête que je veux te piquer ton rôle de mère ? Prendre soin de Maé ne fait pas de moi sa mère, seulement un adulte présent et bienveillant dans sa vie. Tu crois que j'avais envie de rencontrer un homme déjà papa et que je n'aspirais qu'à une chose, devenir la mère d'une enfant qui n'est pas la mienne ? Non mais tu réalises à quel point c'est stupide comme raisonnement ? Tu t'es séparée de Samuel, tu es partie, tu as refait ta vie, tu te doutais bien que l'une des conséquences de ta décision serait une vie tronquée avec Maé. Tu ne peux pas venir nous pourrir la vie sous pretexte que tu n'as pas suffisamment de confiance dans ton lien mère-fille. Ce n'est pas à moi de payer pour tes insécurités. Et est-ce que tu prefererais que Maé vienne à reculons chez nous ? C'est ça que tu souhaiterais ? Que ta fille soit triste dès lors qu'elle n'est pas avec toi ? Cela viendrait gonfler ton égo de maman ? Ou bien malgré tout, tu te sens rassurée de savoir qu'elle est entourée d'adultes qui prennent soin d'elle mais tu t'ennuies tellement dans ta vie que tu viens nous emmerder dans la notre ?
Et j'ai raccroché. J'avais été trop loin mais ça m'avait fait un bien fou."

"Une relation bridée"

"Mais de ces règles de départ que je pensais temporaires, j’ai fini par être assez conditionnée. Je me suis rendu compte que chaque geste, parole ou moment partagé était pesé. Je vivais avec Maé comme j’aurais vécu avec mon enfant : éducation, repas, jeux... Mais je restais en retrait sur les démonstrations d’affection. L’interdiction des bisous et des câlins s’était ancrée, et Maé aussi semblait avoir intégré cette distance.
Alors je m’occupe simplement d’elle, avec respect et gentillesse. Même si, soyons honnêtes, ce n’est pas facile tous les jours. Un peu plus d’amour entre nous aurait sans doute adouci le quotidien (sans rien enlever à la relation mère-enfant), mais ce n’est pas quelque chose qui se force.

Et puis j'avais enfin posée mes limites avec sa mère depuis le fameux appel téléphonique. Plus de cafés, de rendez-vous au parc ou d’anniversaires sur les temps de l’autre parent. L’objectif n’était pas de perturber Maé, mais de nous recentrer sur notre foyer. Samuel a cessé de rendre des comptes et Maé s’est impliquée dans la préparation de la chambre de ses petites sœurs, Louise et Clarisse.
Ce n’est peut-être pas ma fille, et je ne l’aimerai jamais comme mes propres enfants. Mais où est le mal ? Maé a déjà sa maman pour ça. Ce que je peux lui offrir, c’est de l’attention, du respect et un cadre où elle se sent bien."

"Le message que j'aimerais faire passer à toutes les mères"

Aujourd’hui maman comblée de jumelles, Julie conclut avec un appel sincère :

"À toutes les mères : non, nous ne voulons pas être la mère de votre enfant. Oui, il nous arrive de préférer quand votre enfant n'est pas là, mais nous faisons de notre mieux, toujours. Alors, s’il vous plaît, laissez-nous tranquille, gérez vos insécurités, jalousies et maitrisez vos agressions. Rappelez-vous que nous ne sommes pas des baby-sitters disponibles quand ça vous arrrange. Nous sommes des femmes qui aiment un homme déjà papa et qui ont droit à leur place, rien de plus.
Exister au sein de notre famille cela inclut s'occuper de votre enfant. Point."



Un témoignage sans filtre qui - je l’espère - pourra aider belles-mères et mamans.


Il n’y a pas de numéro 1 et de numéro 2, pas de femme principale et secondaire. Seulement deux personnes distinctes et différentes, avec chacune un rôle unique et précieux dans la vie de l'enfant, sans compétition ni comparaison, mais avec le même objectif : son bien-être.


Chacune a le droit de se sentir pleinement à sa place dans sa propre famille.



Une belle-mère qui aide sa belle-fille a faire ses devoirs

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