Défis de la famille recomposée
- sagniermarianne
- 25 févr.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 mars
1. Famille recomposée : vers une nouvelle norme ?
Définition : La famille recomposée comprend un couple d'adultes, mariés ou non, et au moins un enfant né d'une union précédente de l'un des conjoints. Les enfants qui vivent avec leurs parents et des demi-frères ou demi-sœurs font aussi partie d'une famille recomposée*.
Les familles « traditionnelles » représentent la configuration familiale la plus fréquente : 66%** mais ce chiffre décroît lentement. Les évolutions des modèles familiaux, les séparations, les divorces, ainsi que les nouvelles conceptions de la vie de couple contribuent à accroître le nombre de familles monoparentales et de familles recomposées.
Pour ces dernières, les facteurs évoqués ci-dessus mettent en évidence un changement dans l’acceptation de la diversité des structures familiales.
La société avait déjà connu le terme beau-parent mais il apparaissait dans le cadre d’un veuvage, et non pas d’une séparation conjugale.
Cet individu venait alors occuper une place « libre », là où aujourd’hui, ce nouveau parent ne peut pas vivre sur le modèle de la substitution.
Cette situation implique des nouveaux codes et des nouvelles relations, à inventer. Ces familles recomposées revêtent une diversité de configurations : chaque unité familiale est le reflet d'une histoire unique.
2. Les étapes de la recomposition
En règle générale, le cheminement qui se concrétise par la naissance d’une cellule familiale recomposée suit les étapes suivantes :
a) Le deuil : il y a eu un éclatement familial, il faut donc accepter les pertes multiples
b) Les pourparlers : des efforts doivent être entrepris pour concilier les besoins, désirs et contraintes qui s’entrechoquent
c) La conception : à quoi ressemblera la famille, après la transition
A) Le deuil :
Après une séparation, les ex-conjoints doivent accepter la fin de leur union. Ce processus varie selon les circonstances de la rupture : a-t-elle été mutuelle ou conflictuelle ? Il faut donc réussir à accepter la fin de cette image de couple, la fin de cet idéal de famille.
Sans cette étape cruciale - qui prend du temps - toute réussite de nouvelle relation sera fortement compromise.
Également, il y a la conséquence terrible de cette désunion, qui est : accepter une relation tronquée avec ses enfants. Ne pas les voir grandir comme on l’imaginait et encaisser son absence sur une grande partie des premières fois.
De plus, il faut permettre le rôle futur d’une tierce personne dans leur vie.
Cette amputation de temps avec les enfants les concerne directement. Eux aussi doivent être considérés dans le travail de deuil. Eux aussi doivent accepter la fin du couple papa maman.
C’est la perte d’un quotidien avec les parents, sous un même toit.
La transition vers un second foyer, la rencontre avec le nouveau partenaire (et ses éventuels enfants) et l’imposition d’une nouvelle dynamique peut fortement perturber.
Pour le bien-être des enfants, il est primordial de respecter cette phase de deuil.
Et de les accompagner, à hauteur de leur compréhension, dans toutes les étapes.

B) Les pourparlers :
De nombreux couples qui s’engagent dans la vie de famille recomposée sous-estiment les défis qu’ils rencontreront. Il y a un peu cette idée naïve que ce nouvel amour (qui fait du bien, après les évènements vécus), ne peut pas être ébranlé par la lourdeur du passé.
Or, cette relation naissante se fait dans un espace restreint (présence des enfants) et la jolie période rose des débuts est vite teintée par la réalité : le(s) ex-partenaire(s) et toutes les implications qui en découlent.
De plus, les obligations diverses, la définition des frontières et les attentes (quasi toutes inatteignables) viennent bouleverser l’équilibre du couple naissant.
Les échecs de la précédente union (même si celle-ci a été digérée) sont souvent présents et génèrent des comportements issus de la peur. Ce qui dessert le nouveau conjoint.
Cette structure familiale (est-ce qu’un seul adulte ou les deux ont des enfants, quels sont leurs âges, est-ce qu’il y a désir d’enfants communs et si oui, combien) doit donner l’opportunité à tous les membres de trouver leur place. Et de s’y sentir légitime.
Il faut donc communiquer énormément et définir à deux, sans ignorer ou minimiser les contraintes, ce que sera et comment sera cette nouvelle famille.
Ce qui nous amène au principe de conception.
C) La conception :
En tant que couple fondateur de cette recomposition familiale, les forces et fragilités sont à poser sur table, le plus rapidement possible. La précarité qui caractérise les familles recomposées ne doit pas être minimisée.
Les rôles et implications de chacun doivent être déterminés et clairs ; en faisant attention à ne pas « forcer » l’amour entre enfant et beau parent.
Seuls le respect et la bienveillance peuvent être exigés. Et c’est souvent là que se situe la première erreur : l’idée que l’affection entre le beau-parent et les beaux-enfants sera naturelle et instantanée.
Il faut s’entendre sur les attentes, désamorcer toute pression et anticiper les conflits de loyauté.
En quelque sorte, tracer les contours de la famille et s’assurer que cela convient à tout le monde.
3. Fragilité de la famille recomposée :
Avec un mariage sur deux qui se termine en divorce, on peut se demander quelle est la stabilité d’une vie en famille recomposée. Déjà dans une famille nucléaire la majorité des couples sont mis à mal avec la gestion des enfants…mais alors quand les enfants ne sont pas les siens…
A cela vient s’ajouter les questions d’argent, d’éducation et de valeurs (déjà installés et à savoir retravailler), plus les questions d’affinités, de mésententes, de temps de garde et de gestion des vacances scolaires.
D’autant plus qu’il est utopique de penser qu’au milieu de tout cela, les ex-conjoints, la belle-famille ou même la famille proche vont aller dans le sens souhaité, sans exprimer leurs opinions.
Savoir protéger le nouveau conjoint est primordial.
Dans la famille traditionnelle il y a cet aspect « solidité des liens du sang ». En situation recomposée, rien n’est évident. Il faut tout discuter et tout négocier, dans un contexte de peur du « faux pas ».
Prise dans le quotidien, la majorité des couples n’arrive pas à échanger aussi souvent que cela est nécessaire.
Et puis il y a cette trop grosse pression à réussir ce qu’on a raté dans son union précédente.
Elle vient peser lourdement sur la famille recomposée et génère des comportements de fuite face au conflit (se persuader que tout va bien).
Fuite, aussi parce que la force n’est plus là et parce qu’on se dit que rencontrer des difficultés est simplement synonyme de désillusion et d’échec.
Alors que non, pas forcément. Il suffit d’accorder du temps à chaque problématique, les traiter, et passer à autre chose ensemble. Trop souvent, le beau-parent se sent obligé d’avancer à un rythme qui n’est pas le sien, et à avancer en cumulant des soucis non résolus. Ceux-ci finiront par refaire surface et seront sources de stress pour le couple.
Laisser au beau parent l’espace dont il a besoin, pour occuper une place parentale qui lui est propre est quelque chose que le parent ne fait généralement pas. Inconsciemment, le parent souhaite que le nouveau conjoint remplace le parent « perdu ».
Pas dans le sens où l’ex est regretté, seulement dans l’espoir de recréer une famille traditionnelle.
Mais c’est une erreur qui coûte cher et qui peut grandement écourter la durée de vie de la famille recomposée.
Heureusement, il est possible de s’épanouir dans cette nouvelle structure familiale, en respectant certaines étapes et en ajustant ses attentes à la réalité.
Il ne faut pas non plus attendre pour répondre à des interrogations silencieuses des enfants, du genre : qui est ma famille ?
- Est-ce que le nouveau conjoint fait partie de ma famille ?
- Est-ce que son enfant avec qui je n’ai aucun lien est ma famille ?
- Est-ce que c’est mon frère ou pas mon frère ?
- Est-ce que le papi et la mamie de ma (demi)sœur sont aussi mon papi et ma mamie ?
- Est-ce que je peux choisir ou est-ce que je dois écouter ce qu’il m’ait dit ?
Où s’arrête la « vraie » famille et où commence la famille élargie ? Qu’est-ce qu’est « la famille » pour chaque individu ? Personne ne devrait se sentir dans le flou.
Alors, chers membres de familles recomposées, communiquez 😊
Si vous traversez ces difficultés, n’hésitez pas à consulter un professionnel pour vous accompagner dans cette transition
* 1, 2, 3 : source INSEE
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